dimanche 30 juin 2013

Les armoiries du Canada en 1885

Les armoiries du Canada ne datent que de 1921. Les héraldistes à l'époque de l'union confédérative de 1867 choisirent de regrouper les armes des quatre provinces fondatrices dans un écartelé. Puis, ont cru nécessaire d'incorporer, à l'écu initial, les armoiries de chaque nouvelle province dans la Confédération. Ainsi à l'entrée du Manitoba (1870), de la Colombie-Britannique (1871) et de l'Île-du-Prince-Édouard (1873), l'on partitionna l'écu en cinq, en six et sept divisions. L'entrée en 1905 des provinces d'Alberta et de la Saskatchewan porta à neuf divisions les armoiries du Canada. Et comme les armes de chaque province sont elles-mêmes composées de plusieurs meubles, pièces honorables et toutes chargées d'un chef spécifique, le résultat obtenu est très loin des principes héraldiques de simplicité et de lisibilité des partitions. Si bien, que dans son « Traité d’art héraldique » paru en 1919, l'héraldiste Victor Morin n'hésite pas à écrire que les armoiries du Canada ne sont pas du blason, mais du dévergondage. Allant jusqu'à les blasonner « D’arc-en-ciel à la bouillabaisse du même » (page 175). Finalement, ce ne sera qu'en 1921 que le roi George V concèdera les armoiries actuelles et de la devise Ad mari usque ad mare. http://archive.org/stream/traitdarthra00moriuoft#page/174/mode/2up


Armoiries du Canada en 1888
Manège militaire Voltigeurs de Québec
Le Manège militaire de la Grande Allée à Québec est le troisième édifice conçu par Eugène-Étienne Taché. Érigé sur le site d'un premier manège militaire en bois, le nouvel édifice servira de domicile à la milice. Son style s'inspire des châteaux du XIVe et XVe siècle. La construction du vaste bâtiment de 105 mètres de long débute en 1885. Il est inauguré en 1888 par le gouverneur général du Canada sir Frederick Arthur Stanley. La façade est ornée des armoiries du Canada, de la province et de la ville de Québec ainsi que des ministres fédéraux de la Milice et de la Défense et celui des Travaux publics en poste durant la construction du manège militaire.

Les armoiries qui figurent au-dessus de la porte centrale du Manège militaire reflètent l'état de la fédération en 1885. Elles se blasonnent : au 1 : De sinople à trois feuilles d'érable sur une tige d'or, au chef d'argent chargé de la croix de saint Georges (Ontario); au 2 D'or à la fasce de gueules à un léopard d'or armé et lampassé d'azur accompagné en chef de deux fleurs de lis d’azur et en pointe d'une branche d’érable à sucre à triple feuille de sinople aux nervures du champ (Québec); au 3 : D'or à la fasce ondée d'azur chargé d'un saumon et accompagné de trois chardons tigés et feuillés, le tout au naturel (Nouvelle-Écosse); au 4 : D'or, à une galère antique munie de rames en action voguant sur une onde, le tout au naturel, au chef de gueules chargé d'un léopard du champ. (Nouveau-Brunswick); au 5 : De sinople, au bison arrêté sur un roc, le tout au naturel, au chef d'argent chargé de la croix de Saint-Georges chargée d'une couronne royale en abime. (Manitoba); au 6 : D'argent, à la couronne royale sommé d'un léopard couronné d'or, accompagnée d'une palme à dextre et d'un rameau de laurier à senestre (Colombie-Britannique); au 7 : D'argent à une île de sinople sommée de deux arbres du même, accompagné en pointe des mots Parva sub ingenti (île du Prince-Édouard). L'écu est timbré d'une couronne royale ouverte et la devise : « Dieu et mon Droit ». Deux rameaux d'érable servent de soutiens à l'écu.

vendredi 28 juin 2013

Du vicariat apostolique de la Nouvelle-France au diocèse de Québec


Armoiries du pape Alexandre VII - vitrail
Chapelle extérieure du Séminaire de Québec
L'histoire des débuts de l'Église catholique en Nouvelle-France s'illustre non seulement sur les murs du Parlement de Québec, mais aussi dans les vitraux de la chapelle extérieure du Séminaire de Québec.


C'est sous le pontificat du pape Alexandre VII que sera créé le Vicariat apostolique de la Nouvelle France, le 11 avril 1658. Il serait trop long de raconter ici les événements et les échanges entre le Quirinal et le Louvre relativement à la venue d'un évêque en Nouvelle-France. Les lecteurs de ce carnet découvriront dans le livre de l'historien Lucien Campeau « L'évêché de Québec (1674) : Aux origines du premier diocèse érigé en Amérique française » les détails de l'histoire de la création du vicariat apostolique jusqu'à son érection en diocèse par Innocent XI, le 1er octobre 1674. http://www.ourroots.ca/e/toc.aspx?id=8715.

Le pape Alexandre VII, Fabio Chigi (1599-1667), fut élu le 16 avril 1655. La famille Chigi était l'une des plus illustres et influentes familles d'Italie. Son père, Flavio Chigi, était un neveu du pape Paul V. Alexandre VII entérina la condamnation du jansénisme prononcée par Innocent X et mit les Provinciales de Pascal à l’Index. Il chercha à contenir l'expansion du protestantisme en Italie et en Angleterre.

Les armoiries du pape Alexandre VII sur un vitrail de la chapelle extérieure du Séminaire de Québec se blasonnent : écartelé aux 1 et 4, d'azur au chêne d'or aux rameaux passés en sautoir (Rovere), aux 2 et 3, de gueules à une montagne de six coupeaux d'argent accompagné en chef d'une étoile d'or (Chigi). Les puristes auront remarqué une erreur dans les armes des Chigi : les six coupeaux devraient être d'or et non d'argent.


La présence des armes des della Rovere s'explique par le privilège que le pape Jules II (1443-1513), accorda aux Chigi de porter ses armes et son mon : aussi on les appelle Chigi della Rovere. 

Armoiries attribuées à Mgr de Laval
Chapelle extérieure du Séminaire de Québec
La chapelle referme un autre cas d'armoiries erronées ou du moins non conformes à celles attribuées à l'évêque in partibus de Pétrée. Elle se trouve au pied du gisant de Mgr de Laval. Jugez-en par vous-même.

mardi 25 juin 2013

Les Récollets, Jésuites et Sulpiciens sur la façade du Parlement de Québec

L'histoire des débuts de l'Église catholique en Nouvelle-France s'illustre non seulement sur les murs du Parlement de Québec, mais aussi dans les vitraux de la chapelle extérieure du Séminaire de Québec.

armoiries des Jésuites et des Récollets
Assemblée nationale du Québec
Les armoiries de trois ordres religieux masculins ornent la façade de l'Assemblée nationale du Québec.

Les armoiries et les devises des Jésuites et des Récollets sont placées dans l'entablement d'une fenêtre de la tour Jacques-Cartier entre les niches des statues du jésuite Jean de Brébeuf et du récollet Nicolas Viel.

Les Récollets (en latin, ordo fratrum minorum recollectorum) sont issus d’une réforme de l’ordre franciscain accomplie en Espagne au XVe siècle, qui furent introduits en France en 1585. Rappelons que François d’Assise créa en 1209 une communauté fondée sur la pauvreté totale et la prédication, dont les règles furent approuvées par le pape Innocent III en 1215. Les récollets de France fournirent des aumôniers militaires et dès 1615, beaucoup de missionnaires en Nouvelle-France.

Les armoiries des Récollets sur la façade du Parlement se blasonnent : de gueules, à la croix de calvaire d’or rayonnant du même entre deux bras de carnation mouvants des angles de l’écu d’une nuée d’argent, les stigmates de sable, passés en sautoir; l’un vêtu, passé derrière la croix, l’autre nu, brochant sur le pied de la croix : le tout soutenu de trois clous de la passion d’argent. Devise : « Absit mihi gloriari nisi in cruce » Gal. 6, 14" (Pour moi, non, jamais d'autre titre de gloire que la croix).

La Compagnie ou Société de Jésus fut fondée par Ignace de Loyola, en 1534. Le pape Paul III en approuva les règles en 1540 et par la bulle Regimini Militantis Ecclesiae il chargea les Jésuites de la prédication de la foi aux païens et de la lutte contre l’hérésie issue de la Réforme. Les premiers jésuites arrivèrent en Nouvelle-France en 1625. Tout comme les Récollets, les Jésuites furent interdits après la Conquête britannique.

Les armoiries des Jésuites sur la façade du Parlement se blasonnent : d’azur au nom de Jésus (IHS) d’or sur une gloire rayonnante d’or, soutenu en pointe de trois clous de la passion appointés d’argent et d’or. Devise : « Ad maiorem Dei gloriam » (Pour une plus grande gloire de Dieu).

Armoiries des Sulpiciens
Assemblée nationale du Québec
La Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice est un ordre de prêtres diocésain fondée à Paris en 1641 par Jean-Jacques Olier de Verneuil. Avec Jérôme le Royer de la Dauversière, il est l'un des fondateurs de la Société Notre-Dame de Montréal. Elle sera à l'origine de la fondation de Ville-Marie (Montréal) en 1642. Les premiers sulpiciens arrivent à Ville-Marie en 1657, pour y fonder le Séminaire de Ville-Marie et la cure de Notre-Dame. En 1663, ils deviennent jusqu'à la Conquête seigneur de l'île de Montréal. À partir de 1840, les Sulpiciens dirigèrent le Grand Séminaire de Montréal. Les cardinaux Paul-Émile Léger (1904-1991) et Marc Ouellet (Préfet de la Congrégation pour les évêques depuis 2010) en sont d'éminents membres.

Les armoiries des Sulpiciens sur la façade du Parlement se blasonnent : d’azur aux lettres d’or J, M, A et J superposées (pour former le monogramme de Jésus, Maria, Joseph). Cimier : une couronne. Support : deux léopards.

vendredi 14 juin 2013

De Laval à Pontbriand, les armoiries des évêques de la Nouvelle-France

L'histoire des débuts de l'Église catholique en Nouvelle-France s'illustre non seulement sur les murs du Parlement de Québec, mais aussi dans les vitraux de la chapelle extérieure du Séminaire de Québec.

Nous avons recensé les armoiries de trois évêques de Québec et de trois ordres religieux sur les murs de la façade et sur les boiseries de l'Assemblée nationale du Québec.

Armoiries de Mgr de Laval
Assemblée nationale du Québec
Les armoiries du premier évêque de Québec figurent sur la façade du Parlement au-dessus de sa statue. Elles se blasonnent : d’or à la croix de gueules, chargée de cinq coquilles d’argent, cantonnée de seize alérions d’azur. François-Xavier de Montmorency-Laval est né à Montigny-sur-Avre (Eure-et-Loir), dans le diocèse de Chartres (France), le 30 avril 1623. Il est le fils de Hugues de Laval, seigneur de Montigny, Montbaudry, Alaincourt et Revercourt, et de Michelle de Péricard. Le 8 décembre 1658, il est consacré comme évêque in partibus de Pétrée, dans l'abbatiale de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Il sera vicaire apostolique en Nouvelle-France (1658–1674), puis le premier évêque de Québec (1674–1688). Il meurt à Québec le 6 mai 1708, inhumé le 9 dans la cathédrale de cette ville.


Armoiries de Mgr de Saint-Vallier
Assemblée nationale du Québec
Les armoiries du second évêque de Québec figurent sur les boiseries de l'escalier d'honneur du Parlement. Ils se blasonnent : d'azur, à la tête de cheval d'or animé de gueules; au chef cousu de gueules, chargé de trois croisettes d'argent.
Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier est né à Grenoble le 14 novembre 1653. Il est le fils de Jean de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier et de Marie de Sayve. Il est issu d'une famille d'avocats, de diplomates et grands propriétaires à Grenoble. Il commence sa vie en Nouvelle-France en 1685 comme vicaire général et, à ce titre, il fait la visite du diocèse jusqu’en Acadie. Il est consacré évêque le 25 janvier 1688, par Mgr Jacques Nicolas Colbert. Son épiscopat du 31 juillet 1688 sera marqué par des années de crise, de brouille avec le gouverneur, l'armée, le chapitre de Notre-Dame de Québec, les Récollets. Il meurt à l'Hôpital général de Québec le 26 décembre 1727. Même ses funérailles seront marquées par un conflit entre le chapitre, son doyen et l'intendant.

Armoiries de Mgr de Pontbriand
Assemblée nationale du Québec
Les armoiries du dernier évêque de Québec sous le Régime français figurent elles aussi sur les boiseries de l'escalier d'honneur. Elles s'y blasonnent : d'azur au pont de trois arches d'argent. Henri-Marie Dubreil de Pontbriand, sixième évêque de Québec, né à Vannes, France, vraisemblablement en janvier 1708, fils de Joseph-Yves Dubreil, comte de Pontbriand, capitaine des gardes-côtes de l’évêché de Saint-Malo, et d’Angélique-Sylvie Marot de La Garaye, décédé à Montréal le 8 juin 1760.
 
Selon, E.-Z. Massicotte dans L'Armorial du Canada français, les armes complètes se blasonnent : écartelé : aux 1 et 4 d'azur, au lion d'argent armé, lampassé et couronné de gueules (Dubreil); aux 2 et 3, d'azur au pont de trois arches d'argent, maçonné de sable (de Pontbriand).

 

 

lundi 3 juin 2013

Le héros de Chateauguay au Parlement de Québec

Armoiries de Charles-Michel d'Irumberry
de Salaberry - façade du Parlement de Québec
Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, officier dans l’armée et dans la milice, juge de paix, fonctionnaire, homme politique et seigneur, né le 19 novembre 1778 à Beauport, Québec, fils aîné d’Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry de Salaberry, un ami intime du duc de Kent, père de la reine Victoria, durant son séjour au Canada, et de Françoise-Catherine Hertel de Saint-François; le 13 mai 1812, il épousa à Chambly, Bas-Canada, Marie-Anne-Julie Hertel de Rouville, fille de Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville, et ils eurent quatre fils et trois filles; décédé le 27 février 1829 à Chambly.
 

Vainqueur de la bataille de Châteauguay avec une milice canadienne-française distinctive qu’il avait lui-même levée (les Voltigeurs), il devint rapidement un héros pour ses batailles décisives remportées lors de la Guerre de 1812 et sera le militaire canadien le plus respecté de son temps. Le 5 février 1817, il est fait compagnon du Très honorable Ordre du Bain.

Sa statue sur la façade du Parlement est l'œuvre de Philippe Hébert, elle fut installée en septembre 1894. Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry est issu d'une branche de la maison d'Irumberry en Navarre française.

Blasonnement sur façade du parlement : Parti : au 1 coupé : A, d’or, au lion de gueules; B, d’or à deux bœufs, de gueules accornés et clarinés d’azur; au 2 de gueules, à une croix d’argent pommettée d’or et une bordure d’azur chargée de huit flanchis d’or. Support : deux lions apposés.
 
Insigne des Voltigeurs de Québec
monument des Voltigeurs - place George V
Les Voltigeurs canadiens (1812-1815), commandés par le lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, ont été constitués en tant qu’unité régulière temporaire de l’Armée britannique pour servir pendant la guerre de 1812 et avaient la réputation d’avoir repoussé à maintes reprises les forces américaines supérieures en nombre. Son fils, le lieutenant-colonel Charles René-Léonidas de Salaberry, fut le premier commandant du régiment des Voltigeurs de Québec lors de sa création en 1862. L’insigne a été adopté en 1892 en reconnaissance des services rendus par cette famille d'Irumberry à l’armée du Canada et au régiment. L’Ordre de Saint-Louis, institué en 1693 par le roi de France Louis XIV, était une distinction honorifique importante en Nouvelle-France.

L'insigne des Voltigeurs de Québec se blasonnement : Les armes de Salaberry entourées d’un anneau de sinople liséré d’argent et inscrit VOLTIGEURS DE QUÉBEC en lettres du même, le tout brochant en abîme sur la croix de l’Ordre de Saint-Louis d’argent, sommé de la couronne royale britannique et accompagné en pointe d’un listel d’argent inscrit de la devise en lettres de gueules : FORCE À SUPERBE MERCY À FOIBLE.